Producteur de lait dans son exploitation sarthoise (72), Alain Mercier a fait figure de marginal auprès de ses confrères. Pour cause, cet agriculteur de 53 ans s’est vite tourné vers une agriculture raisonnée.
Ses yeux verts ne sont pas seulement le reflet de son amabilité : installé depuis 1991, Alain Mercier n’a jamais rompu son contact avec la nature. Plus que cela, il s’est toujours passionné à chercher de nouvelles solutions pour pallier aux évolutions que connaît le monde agricole. «En sortant de l’école, on nous avait par exemple appris que pour produire plus de lait, il fallait nourrir les vaches au maïs. Avec l’expérience, je me suis rendu compte que c’était loin d’être la meilleure solution». Il s’est plutôt tourné vers la production d’herbes comme le trèfle ou le sorgo, moins délicates à faire pousser et surtout, moins polluantes. «Dès que j’ai arrêté le maïs il y avait des bruits qui couraient dans la commune comme quoi nous étions en faillite, alors que c’était loin d’être le cas. Les gens me prenaient pour un marginal, mais aujourd’hui, certains font de même».
Retrouver le «bon sens paysan»
Depuis son passage à l’herbe en 2002, Alain n’utilise plus que très rarement des engrais, et il en savoure les conséquences: «En plus d’être polluants, les engrais sont un gouffre financier. Pour une petite exploitation comme la mienne, avec une cinquantaine de vaches en activité, c’est un soulagement d’arrêter d’en importer». L’occasion pour lui de revenir à un fonctionnement plus proche de celui de ses parents, qui eux, n’avaient d’autres choix que d’agir en accord avec la nature. «Nos machines sont un plus que nos ancêtres n’avaient pas, mais ils ne doivent pas, comme ça a été le cas, nous faire oublier notre bon sens paysan». Sa femme, Christelle, témoigne: «depuis qu’Alain a changé son fusil d’épaule (en arrêtant le maïs) il est moins stressé, il a plus de temps à consacrer à sa famille, et a la satisfaction de se dire qu’il agit en accord avec l’environnement». Pour Alain Mercier, être au plus près de la nature n’est donc plus seulement un mode de vie, c’est une nécessité.