Quentin Martinez, étudiant en journalisme à l’ISFJ, souhaite se spécialiser dans les faits divers. Ces évènements tragiques font non seulement partie de notre société, mais en disent aussi beaucoup sur cette dernière, d’où l’intérêt d’en parler.
Pourquoi s’intéresser aux faits divers ?
L’intérêt dans les faits divers, c’est l’enquête qu’il y a derrière. On a envie de savoir le pourquoi du comment: qui est le meurtrier, pourquoi a-t-il fait cela... Ça ressemble à un roman policier. Personnellement, j’aime beaucoup les thrillers, que ce soit les livres, comme ceux de Stephen King, les films, ou les séries comme Disparue. Dans ce dernier exemple, le suspense pousse le spectateur à croire que le meurtrier est le petit copain de la jeune fille, alors qu’il se révèle être sa meilleure amie… Dans la vraie vie, il est tout aussi passionnant de suivre une enquête.
Les individus formant notre société ont-ils un regard similaire sur les faits divers ?
Non, il est évident que nous sommes tous différents, donc certains vont s’y intéresser plus que d’autres, avec un regard qui leur est propre. De mon côté, j’y ai très tôt eu affaire autours de moi : Mes parents m’ont raconté des meurtres orchestrés dans la famille de leurs voisins, et lorsque j’avais une dizaine d’année, les secours ont dû passer par mon balcon pour accéder à une scène de crime. Ces évènements m’ont marqué, et m’ont fait ressentir le besoin d’aller chercher les informations qui les expliquent.
Selon vous, quel est l’intérêt de les diffuser ?
Diffuser permet de toucher, d’informer les gens. On ne peut pas nier qu’il y ait des personnes susceptibles de tuer dans notre société, et nous devons rester vigilants. Je préfère être amené à exagérer un peu, pour faire prendre conscience aux gens que le danger est permanent.
Que pensez-vous de la manière dont ils sont traités dans les médias ?
Je trouve que les proches des victimes ne sont pas suffisamment mis en avant, alors qu’il est important d’en parler. Être en deuil d’une personne victime d’un meurtre est d’autant plus complexe que d’une autre forme de décès. En plus d’un profond désespoir, cela entraîne généralement un désir de vengeance pouvant faire monter le nombre de décès liés au meurtre initial. Les minorités d’innocents punis à tord ne sont pas non plus suffisamment abordés selon moi. Il ne faut pas les oublier, car ils font eux aussi partie de l’enquête, en devenant des sortes de victimes.
Porter de l’intérêt aux faits divers n’alimente-t-il pas une sorte de paranoïa ?
S’intéresser aux faits divers, c’est se rendre conscient du fait que ça peut arriver n’importe quand, à n’importe qui. Parfois, quand je sors, je me dis qu’il y a un risque que quelqu’un débarque sur mon passage avec l’intention de me tuer. Les attentats n’arrangent  d’ailleurs pas les choses. Donc oui, il y a un côté paranoïaque qui s’instaure quand on s’intéresse aux faits divers. Ils sont à la fois touchants mais effrayants.
En quoi chaque affaire est différente ?
Chaque meurtrier ne va pas tuer, ou s’attaquer à quelqu’un pour les mêmes raisons, ni de la même façon. Dans l’affaire Daval dont le procès a lieu cette semaine, il est question de pulsion meurtrière ; Du côté de Dupond de Ligonès, c’est bien différent car il a tué toute sa famille pour ne pas les voir dans la faillite. Pour citer un dernier exemple, Michel Fourniret avait séquestré Estelle Mouzin, ainsi que d’autres petites filles, avant de les violer et de les tuer.
Considérez-vous l’acte de tuer comme un acte humain ?
D’instinct, je dirais que non, tuer fait plutôt penser à un comportement bestial, alors que les hommes sont censés être civilisés. Mais observant les guerres, les massacres opérés au cours de l’histoire – y compris de nos jours – je me dis que finalement, tuer est quelque chose dont n’importe quel homme est capable au fond de lui.
Qu’est ce qui fait qu’un homme puisse donc en arriver à tuer ?
Certains, en fonction de leur histoire, vont être capables de tuer plus facilement que d’autres. Les situations auxquelles ils vont faire face vont réveiller en quelques sortes cette capacité. Par exemple, cette année le confinement s’est révélé être un facteur aggravant de violences et de meurtres. Les faits divers ne sont finalement qu’un reflet de la société.
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