A l’issue de son deuxième procès en destitution, l’ex-président républicain a une nouvelle fois été acquitté. Preuve de son emprise au sein de la politique américaine, cela ne lui garantit pas pour autant la réélection.
Crédit photo: REUTERS/Kevin Lamarque
C’est une première dans l’histoire des Etats-Unis : samedi 13 février avait lieu le deuxième procès en destitution de l’ex-président des Etats-Unis, Donald Trump. Cette fois, il était jugé concernant sa supposée responsabilité dans les violences qui ont secoué le Capitole le 6 janvier dernier. A l’issue de ce procès, 57 sénateurs – dont 7 républicains – ont voté pour sa condamnation, et 43 contre. Les deux-tiers nécessaires pour obtenir le verdict de culpabilité n’ayant pas été atteints, Donald Trump a de nouveau été acquitté, le faisant – à ses dépens – rentrer dans l’histoire.
Trump conserve son emprise
L’un de ses conseillés l’a souligné : "C'est à lui de voir s'il se représente ou pas, mais il va continuer d'avoir une énorme influence, à la fois sur la direction du parti et sur l'évaluation de celui qui sera un bon porte-drapeau pour ce message". Le fait que la grande majorité des républicains ait voté contre sa condamnation montre effectivement que le magnat conserve son emprise sur le parti, et donc sur la politique américaine.
Mais ayant laissé entendre qu’il pourrait jouer sur l’influence de certains candidats pour empêcher l’élection de ses opposants, il reste à penser que certains l’ont surtout soutenu par peur des représailles, plus que par réelle prise de position. A contrario, ceux qui ont osé voter pour sa condamnation en ont déjà subi les conséquences : à titre d’exemple, le sénateur républicain Adam Kinzinger a reçu une lettre de déshonneur de la part de sa propre famille, en plus de faire l’objet de motions de censure, tout comme son compatriote Richard Burr.
Division des républicains
Même si la majorité des républicains – c’est-à-dire 70% d’entre eux, d’après un sondage Reuters/Ipsos – se disaient contents de l’action de Trump, et souhaitaient sa réélection, le parti connaît une certaine division depuis la fin de son mandat. Mitch McConnell, chef influent des républicains du Sénat, incarne parfaitement le malaise de certains d’entre eux : "Il n'y a aucun doute, aucun, que le président Trump est, dans les faits et moralement, responsable d'avoir provoqué les événements de cette journée" du 6 janvier a-t-il déclaré, après avoir voté contre la condamnation de ce dernier.
Lors du procès, plusieurs sénateurs républicains ont appuyé ce malaise, soulignant que les traces laissées par l’assaut du Capitole et la remise en cause par Trump du processus démocratique réduiraient ses chances de l’emporter en 2024. Des remarques rejointes par d’autres élus républicains, qui ont précisé que leur leader pourrait réduire sa mainmise au fur et à mesure que de nouveaux thèmes et de nouvelles personnalités émergeront. D’autant plus qu’il se retrouve à la fois privé de son principal moyen de communication, Tweeter, et de ses fonctions officielles. Un déclin appuyé par les résultats d’une étude réalisée par Ipsos le 13 février dernier, selon lesquels 71% des américains jugent leur ancien président comme au moins partiellement responsable des évènements du Capitole, et 55% souhaitaient que le Sénat le condamne et le destitue.
Même s’il conserve une influence non négligeable au sein du parti républicain – ce qui lui a valu d’échapper une seconde fois à la destitution – Donald Trump laisse ainsi derrière lui un parti divisé et une popularité impactée par les évènements de la fin de son mandat, ce qui diminue considérablement ses chances d’être réélu en 2024.
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